Ou la Voie de la souplesse.
Dans n’importe quelle discipline, j’entends comme une même chanson. Alors peut-être pas dans le même style, mais avec les mêmes paroles : “détente”, “respire”, “appuis”, “unité” !
Et à chaque fois, ce qui marche le mieux : c’est le geste qui demande le moindre effort.
Hehe, malheureusement pour nous, faire “simple, détendu et sans effort”, est ce qui demande le plus d’apprentissage !
Prenons la discipline du tir à l’arc : on parle “d’unité” lorsqu’on tire sur la corde avec tout son dos et non pas juste qu’avec le bras. En poterie, au tour, on ne cesse de parler des “appuis”, du coude sur la cuisse par exemple, (et de centrage, au sens propre comme au figuré). En Yoga, l’intention (“bhavana”), les appuis, la respiration, la structure, la détente…
La discipline Tuina requiert de se pencher sur plusieurs compétences à acquérir, dont la coordination, la posture, la précision, l’ancrage, la souplesse, le prolongement, les lignes de direction, l’intention, la concentration, le relationnel… et … “la détente, la respiration, les appuis et l’unité” !
On retrouve ces fondamentaux dans les arts martiaux, poussés parfois jusqu’à un travail très subtil.
Regardez les maitres d’Aikido, qui parlent de souplesse, d’absorption, de leur façon d’utiliser la force, et du moindre effort…
Regardez les maitres de Iaido (Sabre japonais), qui parlent d’axe, et de ligne de direction, de prolongement du geste, de l’intention…
Regardez les maitres de WadoRyu (Karaté Jujistu), qui parlent aussi des appuis, d’axe, de postures, des déplacements, de respiration, de directions, de fluidité …
Et les maitres de TaiJi : la coordination, l’unité, l’intention…
Les points communs sont extrêmement nombreux, si bien que, travailler un art martial permet d’enrichir sa pratique de Tuina, et inversement ! Pensez aussi à la descente du centre de gravité et au transfert de poids.. (évidement, la finalité est différente !)
Alors effectivement, on peut travailler en art martial de manière DURE, brusque, en apnée et tout en force : on se fait mal, on se fatigue, et au final ce n’est pas le plus efficace.
En Tuina aussi, on peut travailler raide, dur, en force,… mais on se fait vite mal et on se fatigue vite ! (et disons le : c’est pas le top à recevoir !)
Tout est une question de mode d’emploi et de sa transmission.
J’aime bien appeler tout ce travail fondamental : La Voie de la souplesse !
Efficace sans se fatiguer !
Comment concevoir le Tuina sans tous ces fondamentaux !
A mon sens, il n’y avait pas d’autres options que de mettre tout ça en pédagogie : pour travailler l’unité, des pieds jusqu’à la main dans n’importe quel mouvement (oui même de pouce!), pour travailler la détente et apprendre à ne garder que la structure, l’architecture du geste, travailler le prolongement, les directions pour plus de précision, et savoir comment s’ancrer, quand bien même il faut améliorer sa fluidité dans l’enchainement et les déplacements …
Comment évoquer ici tous les points communs tant il y en a… J’aimerai tout de même partager, pour finir, le thème de la “vigilance” :
Un état de présence, dans lequel on se met à l’écoute, à disposition, prêt à tout capter et à agir en conséquence. Une concentration permanente mais détendue (s’inspirant de la pratique du “Zen” japonais), sur le Dojo et tout le temps du massage.
Cette attention qui vise à faire du mieux possible, pour être plus précis, plus fin, s’améliorer, et entre autres, à coordonner ” détente, respiration, appuis et unité” !
Les “maitres” pratiquent cela en permanence au quotidien, afin de s’entrainer, sachant humblement l’ampleur de la tâche. Chaque bout de vie est alors l’occasion de pratiquer !
Audrey Collot